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Le Dernier des six avec sous-titres 1280

Le dernier des six - la critique du film

L'argument : Il y a près de cinq ans, six amis ont promis de se répartir équitablement l’argent qu’ils auront accumulé au cours des cinq années à venir. Alors que le jour du partage se rapproche, les compagnons meurent l’un après l’autre.

Notre avis : Bien que mineur, Le Dernier des six. outre le fait qu’il est très attachant, est étrange à plus d’un titre ; d’abord par une étonnante séquence de music-hall, à la Busby Berkeley, dans laquelle on retrouve le point de vue impossible, mais aussi de stupéfiants trucages qui font, par exemple, tomber une danseuse dans un verre… Étonnante, mais aussi détonante dans le cadre d’un policier qui se veut réaliste. Elle est d’autant plus décalée qu’elle ne sert pas à rompre une tension par ailleurs assez légère. On est bien sur un moment gratuit, presque autonome dans lequel on peut voir également une volonté de la Continental, qui produisait là son deuxième film, de viser le prestige en période d’Occupation. Ce n’est ni vraiment réussi, ni vraiment raté. Simplement étonnant.

Mais ce n’est pas la seule étrangeté. la poursuite finale, dans une carrière labyrinthique, elle aussi incongrue, avec de plus une chute singulière, joue sur les ombres d’une manière quasiment expressionniste. Cette esthétique, à mille lieues de celle qui prévaut dans le monde du cabaret, est propice à la description des intérieurs du groupe, ou de la chambre minable dans laquelle l’un d’eux meurt. Lacombe s’y révèle audacieux et finalement réussit à combiner des éléments aussi disparates. De même certaines idées ont-elles une certaine efficacité, voir par exemple les gros plans de mains quand les amis attendent le retour du sixième.

Mais le film tire surtout sa réputation de son scénariste prestigieux, Clouzot, qui reprendra le héros interprété par Pierre Fresnay l’année suivante dans son L’assassin habite au 21. S’il adapte un roman de Steeman, il ajoute le personnage de Suzy Delair, idiote insupportable qui ne sera pas pour rien dans le succès. Il faut dire qu’elle est réjouissante de mauvaise foi, et Clouzot lui réserve des répliques de haut vol. D’une manière générale, les dialogues sont d’ailleurs très écrits (voir le gimmick. « patient mais. »), ils sentent le mot d’auteur très « qualité française » mais par l’abattage de comédiens rompus à tous les exercices. On s’émerveille de leur impeccable diction qui fait passer pour naturelles des phrases artificielles en diable, on se réjouit de voir les numéros de Jean Tissier, hélas peu présent, ou d’André Luguet. Mais c’est évidemment le couple vedette qui épate constamment. la désinvolture de Fresnay, qui ne semble pas bien préoccupé par l’enquête, s’oppose aux crises de Suzy Delair ( la recherche du gant est un grand moment) et leur duo prend le pas sur une intrigue dont tout le monde se moque.
Pour nous, Le Dernier des six est aussi un document sur un Paris disparu, celui des cabarets mais également celui des hôtels miteux et des quartiers pauvres, même si le film, tourné en studio, pendant l’Occupation, a quelque chose d’irréel. Ajoutée à des jeux d’acteurs passionnants, à des répliques d’une grande drôlerie, cette valeur testimoniale donne une Å“uvre certes superficielle, mais au charme indéniable.

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