« Retour à la vie ». les horreurs de la prostitution enfantine au Cambodge

La fiction d’Ilaria Borrelli et Guido Freddi, inspirée de faits réels, parfois maladroite dans sa forme, touche par son engagement passionné à réveiller les consciences.

Le Monde | 03.03.2015 à 07h31 | Par Noémie Luciani

L’avis du « Monde ». pourquoi pas

Mia veut devenir mère. Avant même que l’enfant soit conçu, elle l’a déjà nommé, lui écrit pour lui raconter comment elle a quitté Paris pour rejoindre son mari au Cambodge. Mais c’est dans la chambre d’une petite fille contrainte à la prostitution qu’elle retrouve ce dernier… En même temps que son rêve s’effondre, ou peut-être parce que son rêve s’effondre, la voilà saisie par l’urgence de faire quelque chose, et bientôt en fuite à travers un pays qu’elle ne connaît pas, tentant de ramener à leurs familles trois petites filles qu’un proxénète en colère a bien l’intention de récupérer.

Ilaria Borrelli et Guido Freddi ont tourné au Cambodge, à partir de témoignages d’enfants victimes des réseaux de prostitution locaux. Pariant sur les pouvoirs de la fiction pour faire réagir leur public, ils n’ont écarté aucun des moyens que le cinéma leur offre. Effets de flous grossiers, débauche de gros plans sur les visages en larmes, déséquilibres d’écriture. Retour à la vie a, dans sa forme, bien des défauts, mais qui sont autant de preuves de son engagement passionné à défendre une cause urgente et nécessaire. En ce sens, ses défauts le servent autant qu’ils le desservent.

Parce que la mise en scène cherche trop à appuyer des faits si terribles qu’ils n’avaient besoin que du plus léger travail pour surgir dans toute leur horreur, elle tend à les mettre au contraire à distance. ainsi montrée, cette histoire d’ex-toxicomane transfigurée par son désir de maternité puis retombant dans l’enfer de la drogue au milieu de l’enfer de la prostitution enfantine n’est-elle pas improbable ?

Inconfort du visionnage

Elle semble improbable, et c’est pour cela même que, dans cet échec partiel de la fiction à faire sonner le vrai, le film pose à son spectateur la question essentielle. seras-tu assez lâche, toi qui regarde ces images, pour te réfugier dans tous ces procédés qui semblent n’appartenir qu’au cinéma. Cette tentation.

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